« La Gibecière à Mots », fondée en 2012 par Stéphane le Mat, est une édition numérique qui vous propose des classiques de la littérature française et étrangère, « élevés » au domaine public, en ebooks.

« La Gibecière à Mots » remet sur le devant de la scène, des ouvrages que le temps a jaunis et recouverts d'une couche de poussière ; oubliés et abandonnés, « La Gibecière à Mots » vous offre la possibilité de leur donner une nouvelle place dans le présent.

« La Gibecière à Mots » fait également perdurer dans le temps des classiques plus connus.


jeudi 16 juillet 2020

Pierre qui roule (George Sand)

George Sand (1804-1876)

"J’étais en tournée d’inspection des finances dans la petite ville d’Arvers, en Auvergne, et j’étais logé depuis deux jours à l’hôtel du Grand Monarque. Quel grand monarque ? et pourquoi cette enseigne classique, si répandue encore dans les villes arriérées ? Est-ce une tradition du règne de Louis XIV ? Je l’ignore absolument, et je le demande à qui le sait. L’image qui caractérisait ce personnage illustre et mystérieux a disparu presque partout. Dans mon enfance, je me souviens d’en avoir vu une qui le représentait habillé en Turc.
L’hôtesse du Grand Monarque, madame Ouchafol, était une femme avenante et bien pensante, dévouée à tout ce qui tenait aux pouvoirs constitués quelconques, noblesse ancienne ou nouvelle, roture opulente, position officielle ou influence locale, le tout sans préjudice des égards dus aux petits fonctionnaires et aux voyageurs de commerce, qui constituent le bénéfice soutenu, le roulement périodique d’une auberge. En outre, madame Ouchafol avait des sentiments religieux, et tenait tête aux esprits forts de son endroit.
Un soir que je fumais mon cigare sur le balcon de l’hôtel, je vis, sur la place qui sépare l’église de la mairie et de l’auberge, un grand garçon dont la figure et la prestance ne pouvaient passer nulle part inaperçues. Il donnait le bras à une paysanne fort laide. Deux gars un peu avinés, espèces d’artisans endimanchés, le suivaient, promenant comme lui des filles en cornette, mais assez gentilles. Pourquoi ce beau garçon, dont la mise bourgeoise ne manquait pas de goût et qui ne paraissait point ivre, avait-il choisi pour danseuse ou pour commère la plus laide et la moins requinquée ?
Ce petit problème n’eût point fixé mon attention au delà d’une minute, si madame Ouchafol, qui époussetait les feuilles poudreuses d’un oranger rachitique placé sur le balcon, n’eût pris soin de me le faire remarquer."

Pierre, fils de paysan auvergnat, est monté à Paris pour ses études de droit. Mais pour l'amour d'une actrice, Impéria, il devient acteur et s'engage dans une troupe de théâtre...
A suivre : "Le beau Laurence"


ISBN : 9782374636771

1,99 €

Achetez-le en ligne