« La Gibecière à Mots », fondée en 2012 par Stéphane le Mat, est une édition numérique qui vous propose des classiques de la littérature française et étrangère, « élevés » au domaine public, en ebooks.

« La Gibecière à Mots » remet sur le devant de la scène, des ouvrages que le temps a jaunis et recouverts d'une couche de poussière ; oubliés et abandonnés, « La Gibecière à Mots » vous offre la possibilité de leur donner une nouvelle place dans le présent.

« La Gibecière à Mots » fait également perdurer dans le temps des classiques plus connus.


dimanche 25 octobre 2020

Les temps difficiles (Charles Dickens)


Charles Dickens
(1812-1870)

"Or, ce que je veux, ce sont des faits. Enseignez des faits à ces garçons et à ces filles, rien que des faits. Les faits sont la seule chose dont on ait besoin ici-bas. Ne plantez pas autre chose et déracinez-moi tout le reste. Ce n’est qu’au moyen des faits qu’on forme l’esprit d’un animal qui raisonne : le reste ne lui servira jamais de rien. C’est d’après ce principe que j’élève mes propres enfants, et c’est d’après ce principe que j’élève les enfants que voilà. Attachez-vous aux faits, monsieur !"
La scène se passe dans une salle d’école nue, monotone et sépulcrale, et le petit doigt carré de l’orateur donnait de l’énergie à ses observations en soulignant chaque sentence sur la manche du maître d’école. L’énergie était encore augmentée par le front imposant de l’orateur, mur carré qui avait les sourcils pour base, tandis que les yeux trouvaient un logement commode dans deux caves obscures, ombragées par le mur en question ; l’énergie était encore augmentée par la bouche large, mince et sévère de l’orateur ; l’énergie était encore augmentée par le ton inflexible, dur et dictatorial de l’orateur ; l’énergie était encore augmentée par les cheveux de l’orateur, lesquels se hérissaient sur les côtés de sa tête chauve, ainsi qu’une plantation de pins destinée à préserver du vent la surface luisante du crâne, couverte d’autant de bosses que la croûte d’un chausson de pommes, comme si cette tête eût à peine trouvé assez de place dans ses magasins pour loger tous les faits solides entassés à l’intérieur. L’allure obstinée, l’habit carré, les jambes carrées, les épaules carrée de l’orateur, voire même sa cravate, dressée à le prendre à la gorge avec une étreinte peu accommodante, comme un fait opiniâtre, tout contribuait à augmenter encore l’énergie.
"Dans cette vie, nous n’avons besoin que de faits, monsieur, rien que de faits !"

A Cockville, M. Gradgrind dirige l'école. Sa vision de l'enseignement est "des faits, rien que des faits", aucune place pour l'imagination. La jeune Sissy Jupe, fille de saltimbanque, fait figure de mauvaise élève contrairement à Bitzer. Les enfants de M. Gradgrind, Thomas et Louisa, sont persuadés que l'enseignement de leur père les rendra heureux...